L’est de la République démocratique du Congo est plongé dans une spirale de violence d’une ampleur alarmante. Vendredi à la 37 eme session extraordinaire du Conseil des droits de l’homme à Genève, le Haut-Commissaire, Volker Türk, n’a pas caché son inquiétude face au « risque élevé d’escalade dans toute la sous-région ». Le fonctionnaire onusien a tiré la sonnette d’alarme. Son avertissement est clair : « Si rien n’est fait, le pire est peut-être encore à venir pour les habitants de l’est, mais aussi au-delà de la République démocratique du Congo ».
Depuis le 26 janvier, près de 3 000 personnes ont été tuées et 2 900 blessées dans les provinces du Nord-Kivu et du Sud-Kivu. Des bombardements massifs ont frappé deux hôpitaux à Goma le 27 janvier, tuant et blessant plusieurs patients, y compris des femmes et des enfants. La violence sexuelle atteint des sommets insoutenables. 165 femmes détenues à la prison de Muzenze ont été violées lors d’une évasion massive. La plupart ont été brûlées vives dans un incendie dont les causes restent floues.
Les Nations unies vérifient actuellement de multiples allégations de viols collectifs et d’esclavage sexuel dans les zones de combat.
–500.000 déplacés en un mois-
Les affrontements entre l’armée congolaise et le M23, soutenu par le Rwanda, ont provoqué un déplacement massif de la population. Depuis début janvier, 500.000 personnes ont fui les combats, s’ajoutant aux 6,4 millions de déplacés déjà recensés. L’aéroport de Goma, vital pour l’acheminement de l’aide humanitaire, est hors service après avoir été ciblé par le M23 et les forces rwandaises. De plus, les entrepôts de la MONUSCO et d’organisations humanitaires ont été pillés, compliquant encore la réponse aux besoins urgents des populations.
–L’exploitation des ressources, moteur du conflit-
Au cœur de cette guerre, le contrôle des ressources naturelles. Les minerais de l’Est congolais alimentent l’industrie mondiale, notamment la production de téléphones portables et de batteries. Pourtant, ce commerce profite aux groupes armés et aggrave les souffrances de la population locale.
Türk appelle les États à s’assurer que leurs financements ne participent pas aux violations des droits humains. Il exhorte également les acteurs internationaux à œuvrer pour une véritable volonté politique afin de mettre fin à cette tragédie. « Combien d’innocents doivent encore mourir avant qu’une solution durable soit trouvée ? », a-t-il interrogé. Par ailleurs, l’ONU exige une enquête indépendante et la traduction en justice des responsables de ces atrocités.
PM