L’ancien Premier ministre, Augustin Matata Ponyo, a vivement réagi à la relance de l’affaire Bukangalonzo, qu’il qualifie de manœuvre politique visant à l’écarter de la scène politique. Dans une vidéo diffusée ce vendredi 7 mars par son parti politique, le Leadership et Gouvernance pour le Développement (LGD), il accuse directement le président Félix Tshisekedi d’utiliser la justice pour renforcer son contrôle sur le futur gouvernement d’union nationale.
Un dossier à connotation politique
Dans son intervention, Matata Ponyo exprime d’abord sa solidarité envers les populations du Nord-Kivu et du Sud-Kivu, victimes des violences de la rébellion du M23, avant de dénoncer ce qu’il considère comme une instrumentalisation de la justice congolaise.
« Mes chers compatriotes, vous avez été surpris, comme moi, par l’extrait des rôles de la Cour constitutionnelle m’invitant de nouveau à comparaître sur l’affaire Bukangalonzo alors que tous les Congolais pensaient que ce dossier était classé sans suite. »
Selon lui, cette relance judiciaire intervient à des moments stratégiques pour l’empêcher d’évoluer politiquement.
« Le dossier Bukangalonzo est né parce que j’ai refusé d’intégrer l’Union sacrée. Il a été réactivé pour m’empêcher de créer mon parti politique, le LGD. Il est réapparu pour me dissuader de poser ma candidature à la présidentielle. Aujourd’hui, il est remis sur la table des juges pour exercer une pression sur moi à cause du dialogue politique et du gouvernement d’union nationale qui se profilent à l’horizon. »
Une instrumentalisation de la justice ?
Matata Ponyo pointe du doigt ce qu’il considère comme une violation répétée de la Constitution et une instrumentalisation des plus hautes juridictions du pays par la présidence de la République.
« Cela fait près de quatre ans que la Constitution est violée plus de quarante fois dans le seul objectif de m’écarter de la scène politique et de démystifier ma gestion, on dirait, exemplaire jusqu’à aujourd’hui. »
L’ancien Premier ministre rappelle que des magistrats de haut rang, dont le professeur Dieudonné Kalouba, ancien président de la Cour constitutionnelle, et Victor Mbamukomu, procureur général près de la Cour de cassation, avaient déjà affirmé que les juridictions actuelles n’étaient pas compétentes pour juger un ancien chef de gouvernement.
« Tous ceux qui ont tenté de s’y opposer ont payé le prix fort. Le professeur Dieudonné Kalouba a été écarté pour avoir refusé d’obtempérer aux instructions de la présidence, et le procureur général près de la Cour de cassation a demandé au chef de l’État l’autorisation de classer définitivement ces dossiers. »
Vers un bras de fer politique ?
Alors que Félix Tshisekedi cherche à former un gouvernement d’union nationale, cette relance du dossier Bukangalonzo pourrait raviver les tensions politiques. Matata Ponyo semble déterminé à défendre sa position et à dénoncer ce qu’il considère comme une persécution politique.
Ce nouvel épisode judiciaire risque de relancer le débat sur l’indépendance de la justice en RDC et son rôle dans la gestion des rivalités politiques au sommet de l’État.
Cedrick Katay Kalombo