Paramétrage de DAB en Franc congolais : Daddy Kangulu Lobo préconise la diversification de l’économie congolaise (interview)

L’instruction de la Banque Centrale du Congo aux banques commerciales de paramétrer leurs terminaux de paiement en monnaie nationale (franc congolais) a suscité des nombreuses réactions au sein de l’opinion congolaise. Cette décision laisse planer une incompréhension inestimable.

Pour Daddy Kangulu, expert en économie et développement, la réussite de la décision de la Banque centrale du Congo est conditionnée par le strict respect de la réglementation des transactions intérieures en franc congolais. Il l’a dit ce mercredi 05 juin, au cours d’une interview, accordée à la rédaction de congomarketnews.com.

Cet économiste chevronné a tenté de lever le doute et approfondir la question. Il a répondu aux différentes de la rédaction.

Congo market : Sachant bien que plusieurs mesures et lois souffrent d’applicabilité en RDC, surtout dans le secteur de l’économie. Comment celle-ci va-t-elle se réaliser ? La BCC a-t-elle pris les dispositions idoines pour qu’elles soient respectées ?

Daddy Kangulu Lobo : “La réussite de cette décision est conditionnée par le strict respect de la réglementation des transactions intérieures en franc congolais. Ce qui est difficile car la majorité des produits consommés au sein de notre économie est importée. Donc les petits et les grands entrepreneurs ont besoin de dollars. Et cette difficulté s’accroît davantage par le fait nous consommons ce que nous ne produisons pas et nous produisons ce que nous ne consommons pas. D’où les dispositions à prendre sont internes à la structure même de notre économie qui doit absolument changer pour ce genre de mesures produise les effets escomptés. La BCC a fait sa part, et c’est maintenant au gouvernement Suminwa de faire la sienne.”

C.M.: Les congolais pour la plupart les fonctionnaires parce que payés en franc congolais, ont pris l’habitude d’acheter les dollars américains pour soit payer les loyers ou les frais scolaires des enfants. Qu’est-ce qui doit suivre par après pour éviter la panique et les effets domino de cette mesure au sein de la population ?

D.K.L.:  » La mesure est bonne dans le sens de limiter la demande inutile des devises : le fonctionnaire qui reçoit son salaire en francs, aussitôt achète le dollar et pour exécuter ses dépenses journalières, il recourt auprès du cambiste de la rue pour s’acquérir de FC. Cette spéculation augmente la pression de la demande de dollar pour rien. La crainte est que cette limitation d’offre de dollar par les banques puisse être un moyen d’amplification du marché parallèle. Donc, ce fonctionnaire qui retire son salaire en franc congolais au distributeur ira désormais chercher le dollar chez le cambiste de son avenue. D’où le gouvernement doit directement vite agir avec quelques mesures d’encadrement susceptibles de limiter au maximum les demandes inutiles de devise sur le marché intérieur pour de raison de consommation. Les loyers par exemple devraient être payés en franc congolais. Le gouvernement Suminwa doit vite se mettre au travail et commencer à soulager tant soit peu la souffrance de la population.

C. M. : En tant qu’expert des questions économiques, quel conseil donneriez-vous à la gouverneure de la Banque Centrale du Congo sur ce qu’il faut pour que le franc congolais prenne le dessus sur les devises étrangères ?

D. K.L.:  » Au préalable, la BCC a-t-elle quantifié le volume de devise servi par les banques commerciales pour évaluer son Impact sur le marché de change ? Les grands détenteurs et demandeurs de dollar sont les miniers, il faut réglementer davantage le secteur minier de telle sorte que les transactions avec les sous-traitances doivent se faire en franc…

C. M.: Quel est votre mot de la fin par rapport à la situation économique du pays ?

D.K.L :  » La diversification de notre économie reste la solution durable effective au problème. Toute solution qui sera tentée sans prendre en compte cet aspect sera nulle et de nul effet. Le comportement suit une certaine rationalité selon qu’on est producteur ou consommateur. Les mesures coercitives ne portent pas trop de fruit dans une économie car elles de la peine à changer le comportement des agents économiques. l’État, en qualité de régulateur doit aménager le cadre économique pour que l’arbitrage des agents économiques soit favorable à sa vision. Heureusement que cette solution est dans les 6 engagements du Chef de l’État Félix Antoine Tshisekedi Tshilombo. Il ne reste qu’à espérer que Madame Suminwa et son gouvernement y travailleront d’arrache pied. »

Il convient de souligner que l’entrée en vigueur de cette mesure est fixée jusqu’au 31 juillet de l’année en cours. Le gouvernement Suminwa a donc du pain sur la planche pour transformer l’économie nationale de la République démocratique du Congo.

Clément Mualaba

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