Neuf ans après sa mort, Papa Wemba continue d’inspirer l’Afrique et le monde

Neuf ans après son décès sur la scène du FEMUA en Côte d’Ivoire, Papa Wemba reste une icône inégalée de la musique congolaise et de l’élégance africaine. Le 24 avril 2016, Jules Shungu Wembadio quittait ce monde, mais laissait derrière lui un héritage culturel inestimable. « Papa Wemba n’a jamais été qu’un simple chanteur, c’était une école de vie », confie François Kasongo, ancien membre de Viva la Musica. À travers sa musique et sa vision artistique, il a influencé des générations d’artistes bien au-delà des frontières du Congo.

C’est en 1977, après une rupture brutale avec le groupe Yoka Lokole, que l’artiste prend un tournant décisif. Humilié publiquement par son collègue Mbuta Mashakado, Wemba décide de créer son propre groupe : Viva la Musica. « Cet incident a été le point de départ de sa grandeur », affirme un ancien chroniqueur musical de Kinshasa. En quelques années, Papa Wemba transforme ce groupe en véritable institution musicale, propulsant de nombreux jeunes talents sur la scène internationale.

Mais l’influence du « roi de la rumba » ne s’arrête pas à la musique. Papa Wemba est également considéré comme l’un des pères fondateurs de la Sape – la Société des Ambianceurs et des Personnes Élégantes. « Grâce à lui, la mode est devenue un acte de résistance, un moyen d’affirmation culturelle », souligne Mireille Luyeye, sociologue à Paris. En imposant des codes vestimentaires sophistiqués à ses musiciens, il réinvente l’image de l’artiste africain, fier et raffiné.

À Kinshasa, le quartier Matonge garde encore l’empreinte du chanteur. Son studio, situé rue Kanda Kanda, a vu passer des dizaines d’artistes qui reconnaissent en lui un mentor. « Il nous a appris la discipline, le respect du public et l’amour du travail bien fait », témoigne Dido Kamba, ex-guitariste du groupe. Papa Wemba offrait bien plus qu’une plateforme musicale : il offrait une véritable école de professionnalisation artistique.

En Europe, notamment en France et en Belgique, l’artiste joue un rôle social crucial. En aidant de nombreux compatriotes à s’installer sous couvert de sa troupe musicale, il devient une figure de solidarité. Malgré les controverses judiciaires qui en ont découlé, ses anciens compagnons défendent encore aujourd’hui sa générosité. « Il voulait juste offrir une chance à ceux que le destin avait oubliés », explique l’un de ses proches.

L’œuvre de Papa Wemba reste vivante à travers sa discographie, mais aussi par les actions de la fondation « Papa Wemba Partage » qu’il avait initiée. Il laisse aussi derrière lui des œuvres cinématographiques comme La vie est belle, qui continue d’émouvoir les cinéphiles africains. Neuf ans après, une chose est certaine : Papa Wemba n’est pas mort, il vit dans chaque note, chaque costume et chaque rêve d’un jeune artiste congolais.

CKK

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