Lignes Maritimes Congolaises : une gestion dénoncée, un audit réclamé

Les Sentinelles de la République montent au créneau pour dénoncer ce qu’elles qualifient de « dérives graves » dans la gestion des Lignes Maritimes Congolaises (LMC) depuis 2020. Dans une déclaration transmise à la rédaction de Congo Market News, elles interpellent directement le président Félix Tshisekedi et la Première ministre, appelant à une « intervention urgente face à une gestion opaque, marquée par le népotisme et la mauvaise gouvernance ».

Selon ces lanceurs d’alerte, la situation de la LMC s’est considérablement dégradée depuis l’arrivée à la tête de l’entreprise du duo Mende – Mukendi. « LMC a perdu sa paix sociale », déplorent-ils. Ils évoquent un climat d’intimidation, des sanctions arbitraires, ainsi que l’abandon des agents et des retraités « à leur triste sort », sans prise en charge ni décomptes finaux.

Avant 2020, affirment-ils, la société affichait une gestion stable et rigoureuse. « En douze ans, entre 2008 et 2020, seuls 30 agents avaient été recrutés », expliquent-ils. « La montée en grade répondait à des critères objectifs, en adéquation avec les besoins réels de l’entreprise. » Depuis 2020, cette logique aurait cédé la place à une explosion incontrôlée des effectifs, sans justification économique.

Les chiffres avancés sont édifiants : le personnel serait passé de 221 agents à plus de 1 400, soit une hausse de 700 %, tandis que l’activité maritime aurait chuté de 24 à 6 voyages par an, soit une baisse de 75 %. « La masse salariale est passée de 1,2 million à 18 millions de dollars par an, alors même que LMC n’exploite aucun navire en propre », précisent-ils. En comparaison, des géants comme CMA-CGM ou MAERSK emploient environ 150 à 170 agents par navire, alors que LMC en compterait plus de 1 400… pour six affrètements annuels.

À cette explosion des effectifs s’ajoute, selon les Sentinelles, un népotisme flagrant. « Le Directeur Général Mukendi a promu plusieurs membres de sa famille à des postes de direction sans aucune expérience, ni ancienneté requise », accusent-ils. Parmi eux : ses fils, neveux, et proches, tous propulsés à des postes stratégiques comme Directeur à Anvers, Directeur Informatique, ou encore Directeur Logistique. « Il s’agit d’un scandale de gouvernance sans précédent dans le secteur maritime. »

Sur le plan financier, les signataires estiment que 160 millions de dollars ont été encaissés au titre des droits de trafic maritime ces cinq dernières années. « En déduisant la masse salariale, il reste environ 110 millions de dollars dont l’utilisation reste totalement opaque », dénoncent-ils, tout en évoquant aussi les revenus d’exploitation des navires et les redevances minières, absents des états financiers.

Face à cette situation, les Sentinelles de la République réclament l’ouverture immédiate d’un audit indépendant sur la gestion de LMC entre 2020 et 2025. « Nous en appelons à la responsabilité du chef de l’État, garant du bon fonctionnement des entreprises publiques », concluent-ils, en s’appuyant sur l’article 8 du Décret 13/055 relatif à la gestion des entreprises du portefeuille de l’État.

La Rédaction

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