Un rapport publié mardi 6 août par Ebuteli et le Groupe d’étude sur le Congo (GEC) met en lumière les causes externes de la rébellion du M23 en RDC. Selon l’étude, les tensions régionales et le soutien du Rwanda sont les principaux moteurs de ce conflit, qui a repris depuis novembre 2021.
Intitulé [La résurgence du M23 : rivalités régionales, politique des donateurs et blocage du processus de paix], l’enquête révèle que la réapparition du M23 est en grande partie attribuée à la relation tendue entre Kampala et Kigali. En effet, en 2021, les présidents congolais et ougandais ont renforcé leurs partenariats économiques et sécuritaires, ce qui a contribué à marginaliser le pays de Paul Kagame. « Le sentiment d’isolement du Rwanda face aux partenariats entre Kinshasa et Kampala a été un facteur clé du soutien de Kigali au M23 », souligne le rapport.
Contrairement aux affirmations du gouvernement rwandais et du M23, qui invoquent la lutte contre les FDLR et les violences contre les Tutsi comme raisons de leur rébellion, l’investigation indique que ces dynamiques sont davantage des conséquences de la résurgence du M23. « Il n’y a guère de preuve d’une recrudescence des violences anti-Tutsi au Nord-Kivu avant la réémergence du M23 », précise l’étude.
En outre, la faiblesse de l’État congolais a exacerbé la crise. Sous la pression militaire du M23 et de l’armée rwandaise, les Forces armées de la RDC (FARDC) n’ont pas pu répondre efficacement. Le gouvernement congolais s’est alors tourné vers des entreprises privées et a collaboré avec des groupes armés étrangers et locaux, augmentant les tensions ethniques. « Ces groupes, tout comme le M23, recrutent principalement sur une base ethnique, aggravant ainsi les tensions communautaires et régionales », affirme-t-on.
-Processus de paix et recommandations-
Sur le plan diplomatique, le processus de Nairobi a été entravé par des intérêts divergents des États participants. Bien que le processus de Luanda, impulsé par l’Union africaine, ait permis d’obtenir un cessez-le-feu, il n’a pas encore conduit à une résolution durable. « Le gouvernement congolais a proposé un plan pour démanteler les FDLR, mais cela ne sera probablement pas suffisant pour mettre fin à cette crise », ont noté les investigateurs.
Malgré les condamnations internationales du Rwanda pour son soutien au M23, la position de Kigali reste peu affectée. « La puissance militaire du Rwanda et son rôle important au sein du système des Nations unies expliquent cette indulgence », précisent GEC et Ebuteli. Ainsi, les deux organisations ont recommandé une pression accrue, notamment financière, sur le Rwanda et une réforme en profondeur du secteur de la sécurité en RDC.
PM