L’école en exil : Poème en mémoire des élèves de l’Est de la RDC en cette journée de l’enseignement

Ils s’appellent Grâce, Patient, Espérance… des noms pleins de lumière dans un pays où l’ombre grandit. À Bukavu, à Goma, dans les collines du Nord-Kivu et les vallées du Sud-Kivu, les cahiers restent fermés, les tableaux noirs sont muets. Là où l’on récitait l’alphabet, c’est le bruit des armes qui dicte la leçon.

Les enfants n’ont plus d’école, mais la guerre, elle, leur fait cours. Les rebelles ont pris les bancs, les murs, les toits. Deux mille six cents écoles fermées, éventrées, transformées en bastions de violence. Plus d’un million d’élèves chassés de l’avenir, éparpillés dans les camps, les forêts, les silences.

Dans cette guerre, l’enfance est une cible. Les cartables gisent comme des corps sur les sentiers battus. Certains enfants fuient, d’autres disparaissent. Recrutés de force, abusés, blessés dans leur chair, ils deviennent soldats malgré eux, otages d’un conflit qui dévore les innocents.

Mais dans leurs yeux résistent des étincelles. Ils dessinent l’école sur la terre battue, récitent des poèmes à la lune, rêvent de devenir médecins, enseignants, artistes. Même sans toit, l’école vit encore, quelque part, dans leur souffle et dans leur foi.

Les enseignants, eux aussi, sont dispersés. D’autres fuient, d’autres restent, debout comme des sentinelles dans les ruines. Certains enseignent sous les arbres, d’autres dans les camps. Mais comment tenir face à la peur, à la faim, au bruit des armes qui gronde au loin ?

Ce poème est un cri, un chant pour dénoncer. Les rebelles volent l’enfance, et avec elle, la paix de demain. L’école est un droit, pas un champ de guerre. Tant que les armes parleront plus fort que les livres, tant que la paix fuira les collines, l’avenir de tout un peuple restera otage.

En ce jour de l’enseignement, rendons hommage à ceux qui apprennent malgré tout. À ceux qui attendent, qui espèrent. Que le monde entende cette prière venue des montagnes de l’Est : laissez les enfants rêver, laissez-les apprendre, laissez l’école fleurir à nouveau.

CKK

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