Kinshasa-M23 : la LUCHA dit non à une paix qui récompense les criminels

Alors que le gouvernement congolais et les rebelles du M23, appuyés par le Rwanda, s’engagent dans un nouveau cycle de pourparlers sous la médiation du Qatar, la LUCHA tire la sonnette d’alarme. Le mouvement citoyen rejette toute paix qui sacrifierait la justice sur l’autel du compromis politique.

Une paix sans justice est une guerre déguisée, affirme la LUCHA. Dans sa déclaration publiée le 23 avril 2025, le mouvement reconnaît les efforts diplomatiques, y compris ceux du Qatar, mais refuse de cautionner des accords qui ont, par le passé, plongé la RDC dans un cycle infernal de violences.

Impunité, intégration, cooptation : trois lignes rouges-

La LUCHA rappelle les dérives des précédents dialogues, de l’AFDL au CNDP, qui ont tous conduit à :
• L’impunité totale pour des crimes graves,
• L’intégration massive des rebelles dans l’armée,
• L’attribution de postes politiques à des chefs de guerre.

Selon le mouvement, ces recettes ont échoué. Elles ont affaibli l’État, sapé la cohésion des FARDC et normalisé le recours aux armes comme moyen d’accès au pouvoir.

Non à l’amnistie des bourreaux-

« Aucun dialogue ne peut prétendre instaurer la paix s’il ignore les droits des victimes », martèle la LUCHA. Pour elle, pas de réconciliation sans justice. Les auteurs de massacres, de viols, d’enrôlements forcés et de pillages doivent être poursuivis, quel que soit leur camp.

Le mouvement citoyen rejette aussi toute forme d’intégration collective du M23 dans les forces de sécurité. Ces pratiques, selon lui, affaiblissent l’armée, favorisent les trahisons internes et sapent l’autorité de l’État.

L’organisation de la société civile s’oppose à toute tentative de donner des responsabilités politiques à des groupes armés. Pour elle, cela revient à enterrer la démocratie et à légitimer la violence. La politique doit rester le fruit du suffrage, non du chantage par les armes.

Appel à un dialogue inclusif et interne-

Plutôt qu’un face-à-face avec des rebelles appuyés par des puissances étrangères, la LUCHA plaide pour un dialogue national et inclusif, réunissant toutes les forces vives du pays. Objectif : aborder les racines profondes des conflits et refonder le contrat social congolais.

Enfin, la LUCHA insiste sur la nécessité de réformes internes, sans lesquelles aucune paix ne sera durable. Elle exige :
• Une refonte du secteur de la sécurité,
• Une justice indépendante,
• Une lutte sérieuse contre la corruption,
• Le respect des droits humains,
• Et un engagement clair du Président Tshisekedi à respecter la Constitution et la limitation des mandats.

S’agissant de la guerre, un nouveau pas vient d’être franchi. Le gouvernement congolais et les rebelles du M23 ont posé les bases d’un cessez-le-feu, en attendant l’issue des pourparlers de paix sous médiation qatarie.
Cette entente temporaire marque une énième tentative d’apaisement, après la reprise des hostilités qui a coûté la vie à plus de 7 000 personnes depuis janvier, selon les autorités congolaises.

Ainsi, dans une déclaration conjointe mercredi, les deux parties ont salué des discussions “franches et constructives”, conclues après plus d’une semaine d’échanges à Doha.Ce processus fait suite à la rencontre surprise entre Félix Tshisekedi et Paul Kagame le mois dernier au Qatar, au cours de laquelle les deux présidents s’étaient engagés à respecter un cessez-le-feu “inconditionnel”.
PM

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