Le Président national de l’Alliance des autorités traditionnelles et coutumières pour le grand Congo (AATCC), Sa Majesté LEMBA LEMBA KEL’HE KATWA a rendu les derniers hommages à son collègue, Sa Majesté MWAMI KABARE RUGEMANINZI II, décédé le 27 juillet dernier au Maroc.
La Journée d’hommages a eu lieu ce samedi 24 août, au Chapiteau du Palais du Peuple à Kinshasa. La cérémonie a rassemblé plusieurs notables et personnalités politiques du Sud-Kivu.
S’exprimant à la presse, le Grand Chef Coutumier du Kasaï de territoire de Kabeya Kamwanga n’a pas caché ses sentiments de désolation pour la disparition de celui qu’il appelle grand frère et collègue. D’après lui, MWAMI KABARE RUGEMANINZI II a laissé un vide.
“Je suis venu ici, pour témoigner mon amour et affection envers mon collègue et mon aîné qui nous a laissé. C’est un monument qui est parti. Kabare RUGEMANINZI II est un homme qui cherchait la paix. La maladie l’a surpris même ici à Kinshasa, en train d’attendre l’audience pour rencontrer le Chef de l’État, afin de lui faire rapport de ce qu’il avait comme plan pour bouter dehors ou pour faire revenir la paix dans l’Est. Et en attendant cette audience, la maladie l’a surpris. Il est allé mourir au Maroc. Kabare c’est quelqu’un qui nous laisse un vide partout, même dans nos petits comportements. Je me souviens de la dernière fois qu’il m’a appelé, il m’a parlé de mon fils qu’il l’a remplacé aujourd’hui, qui est devenu notre collègue. Il m’a dit qu’il devait postuler comme député provincial, il avait besoin de mes conseils. Je lui ai dit: je ne vous décourage pas. On a commencé à se tirailler, pour vous dire que celui qui est parti c’est moi-même. On a commencé à discuter. Je lui ai dit que si toi tu postules, moi je dois être votre premier suppléant. Après discussion, il m’a convaincu pour me dire que je veux mettre comme premier suppléant, ton fils à l’Est, parce que je suis en train de l’encadrer politiquement et coutumièrement. Je ne savais pas que le Vieux me disait déjà au-revoir. Aujourd’hui, ses paroles se sont réalisées”, a regretté Sa Majesté LEMBA LEMBA.
Appel à l’appropriation du ombat pour le retour de la paix dans l’Est
Sa Majesté LEMBA LEMBA a saisi de l’occasion pour appeler tous les congolais, sans exception aucune, à s’approprier la guerre que le pays fait face dans sa partie Est. Le Président de l’AATCC a exhorté les congolais de ne pas estimer que la guerre est la seule affaire au Chef de l’État Félix -Antoine Tshisekedi.
“Celui qui a une stratégie à donner, un conseil à donner, qu’il s’approche auprès du Président de la République. On va le recevoir et exploiter ce qu’il amène”, a-t-il encouragé.
Selon lui, la guerre est une révolution. Quand une révolution tombe, ça bouscule tout le monde, même les innocents.
“C’est pour vous dire que nous devons prendre notre destin en main. Nous devons nous mettre debout. . … On peut gagner la guerre par les armes. On peut gagner la guerre par le dialogue. On peut gagner la guerre comme on l’avait gagné à l’époque de RCD-Goma à Kabinda. Le président de la République, à l’époque, Laurent Désiré Kabila avait compris que l’Armée avait montré ses limites. Et il a fait recours à l’authenticité. Il a appelé les autorités traditionnelles et il leur a dit toute la vérité. Et les autorités traditionnelles à leur tour, ont donné ce qu’elles étaient capables de donner et la rébellion s’est arrêtée où elle était”, a-t-il rappelé.
Pour le numéro 1 de l’AATCC, aujourd’hui, le mal c’est les congolais eux-mêmes.
“… quand vous allez à l’Est, à cette heure ici, vous allez voir les congolais qui traversent au Rwanda. Les congolais eux-mêmes creusent les minerais qu’ils vendent au Rwanda, en complicité avec les autorités. Pour gagner la guerre ou pour faire des études que vous avez faites, la première chose c’est la volonté. Le peuple congolais doit d’abord se décider que nous devons mettre fin à cette guerre qui n’a trop duré pour rien. Nous ne sommes pas contre le Rwanda ou les rwandais. Mais, nous sommes contre leur façon de nous traiter. Voilà pourquoi nous congolais, personne, aucun n’est allé agresser un rwandais. C’est le Rwanda qui est venu nous agresser. Alors congolais, nous devons nous mettre debout. Nous devons nous souder comme un seul homme pour regarder le Rwanda dans les yeux. Mais, ce n’est pas ce qui se passe dans l’Est. Voilà pourquoi moi je demande aux congolais, il n’y a aucun pays au monde, même si vous allez en France, en Belgique, aux Etats Unis, on va vous dire qu’ici il n’y a que les américains non. Ici, il n’a que les français non. Vous trouverez tout le monde, les sénégalais, les congolais, les maliens, tout le monde. Ils sont là et vivent ensemble. Comme vous vivez dans l’Est. Qui que vous êtes. Ne dites pas que cette guerre ne m’appartient pas, ne me regarde pas. Que vous soyez de l’Opposition, ne dîtes pas que cette guerre est pour le pouvoir, non. Cette guerre est pour le régime, non. Ceux qui meurent là, ne sont pas seulement les gens du régime. Il y a des opposants qui meurent aussi. Mais, comme ce sont nos sœurs, nos frères, nos parents…, nous devons nous mettre tous debout. Aujourd’hui, ce n’est plus le problème de Tshisekedi ou le problème de tel ou telle. C’est le problème des congolais tels que nous sommes”, a-t-il conscientisé.
Signalons que cette cérémonie s’est clôturée par la remise du diplôme d’excellence à l’illustre disparu à titre posthume.
Christophe KABEYA