Début avril 2025, Kinshasa a une fois de plus été le théâtre de violentes inondations ayant entraîné des pertes humaines tragiques et d’importants dégâts matériels. Cette catastrophe, loin d’être un cas isolé, met en lumière les failles structurelles et l’inaction chronique des pouvoirs publics face à des drames pourtant prévisibles.
En réaction, le gouvernement Suminwa a annoncé un plan d’urgence visant à prévenir de nouveaux désastres. Ce plan prévoit la réhabilitation des infrastructures, une meilleure gestion du territoire et un encadrement strict de l’occupation des sols, notamment dans les zones à haut risque.
Un plan d’urgence en cinq axes… mais sans souffle politique

Jeudi 24 avril, lors d’un point de presse diffusé sur la RTNC, le ministre d’État en charge de l’Aménagement du territoire, Guy Loando Mboyo, a exposé les grandes lignes de ce plan structuré autour de cinq axes : social, technique, légal, réglementaire et financier. Parmi les mesures annoncées figurent le curage des caniveaux, la réhabilitation des voies d’évacuation des eaux, la création d’unités médicales d’urgence dans chaque province, ainsi que la démolition des constructions érigées dans des zones dites non aedificandi.
Des intentions certes louables, mais qui arrivent bien tard. Le mal est déjà fait, et les victimes, elles, ne reviendront pas. Ce plan d’urgence ne semble être qu’une réaction de façade, dans un contexte où l’anticipation aurait dû primer depuis longtemps.
Un ministère stratégique, mais un ministre invisible
Guy Loando, à la tête du ministère de l’Aménagement du territoire depuis avril 2021, est aujourd’hui pointé du doigt pour son manque de proactivité. Son portefeuille est pourtant l’un des plus stratégiques pour prévenir les catastrophes naturelles récurrentes à Kinshasa et ailleurs dans le pays, au même titre que ceux de l’Environnement et de l’Urbanisme. Malgré cela, aucun projet marquant ou réforme ambitieuse n’a été porté par ce ministre censé représenter une nouvelle génération dynamique au sein du gouvernement.
Nommé à ce poste par le président Félix Tshisekedi et régulièrement reconduit dans trois gouvernements successifs, Me Guy Loando (né le 5 février 1983 à Bokungu, dans la province de la Tshuapa) peine à justifier la haute confiance que lui a accordée le chef de l’État en tant que jeune. Contrairement à d’autres jeunes ministres qui ont su s’imposer et incarner la vision du président, lui reste effacé, et son action, quasi invisible.
Des alertes ignorées, une presse complaisante ?
Avant les inondations meurtrières d’avril 2025, les signes avant-coureurs n’ont pourtant jamais manqué : glissements de terrain, crues soudaines, habitations précaires installées sur des zones inconstructibles. ‘’Gouverner c’est prévoir’’, rappelle régulièrement l’opposition. Alors, qui devait alerter, proposer, agir ? Où sont les projets d’aménagement censés prévenir ces tragédies ? Et si ces propositions ont existé, pourquoi n’ont-elles jamais été relayées par les médias ?
Certains dénoncent aujourd’hui une presse contrainte, facilitée par le ministre de la Communication, d’offrir une tribune artificielle à un ministère inefficace, sans impact réel ni auprès des Kinois, ni au sein des autres provinces du pays.
Un ministère de l’aménagement qui ne fait pas rêver…
Faut-il alors encore attendre quelque chose des mesures annoncées dans l’urgence ? La population, elle, attend des résultats concrets, pas des effets d’annonce. Si le ministre de l’Aménagement du territoire ne parvient pas à incarner une vision, ni à proposer des solutions durables, alors il serait peut-être temps que la gestion de ce ministère, comme celle de tant d’autres, soit assurée par ceux qui agissent réellement, plutôt que par ceux qui prétendent le faire.
La rédaction