Le ministre congolais de la Communication et des Médias, Patrick Muyaya, s’est exprimé longuement sur le rôle des journalistes et les défis de l’information dans un contexte de crise, ce jeudi 1er mai, lors de l’émission Face à Face sur Top Congo FM. Face à Christian de Sacré, il a défendu une vision rigoureuse de la déontologie journalistique, tout en assumant des décisions controversées, comme le retrait d’accréditation à certaines chaînes étrangères.
« En temps de crise, en temps de guerre, il y a, pour des besoins de sécurité collective, certaines règles qui doivent s’appliquer ou qui peuvent s’appliquer aux médias », a-t-il affirmé, en référence à la couverture médiatique des conflits dans l’Est du pays. Le ministre a évoqué notamment la situation du M23, et a cité l’exemple de Radio France Internationale, qui « ne donne pas la parole aux responsables du M23 », tout en continuant de couvrir leurs actions.
Revenant sur une mesure emblématique, Muyaya a justifié la suspension de l’accréditation d’Al Jazeera : « J’ai écrit au SESAC que j’avais annulé les accréditations d’Al Jazeera… parce qu’ils ont fait l’apologie du terrorisme en donnant la parole à un groupe que nous considérons comme terroriste. » Une décision, selon lui, assumée au nom de la responsabilité journalistique.
Interrogé sur les responsabilités politiques dans le contexte sécuritaire, Muyaya a critiqué les propos récents de l’ancien président Joseph Kabila : « Je ne suis pas sûr que dans ce que j’ai lu de sa première sortie, c’était le choix de la paix qu’il avait fait. » Selon lui, les leaders politiques doivent envoyer des signaux clairs de paix, surtout lorsqu’ils ont occupé les plus hautes fonctions de l’État.
Le ministre a aussi rappelé que « nommer le mal » est une étape essentielle vers une paix durable : « Le Congo est agressé. Si on veut la paix, il faut poser les bons diagnostics. » Il a également dénoncé certaines attitudes observées dans les rangs de l’opposition et de figures religieuses, appelant à une cohérence morale dans la dénonciation de l’agression.
Sur le plan diplomatique, Muyaya s’est montré prudent quant au processus de paix en cours, notamment les discussions menées sous l’égide du président togolais Faure Gnassingbé : « Il y a une réunion élargie avec les représentants de la RDC, du Rwanda, du Togo… mais l’objectif reste unique : la paix. » Il a mis en garde contre les attentes irréalistes concernant l’accord annoncé pour le 2 mai.
Enfin, Patrick Muyaya a insisté sur les réformes en cours dans l’administration congolaise pour renforcer la transparence et la lutte contre la corruption, dans le cadre du partenariat avec les États-Unis : « Il ne s’agit pas simplement d’accueillir des investissements, mais d’avoir des administrations outillées. C’est l’avenir de la RDC pour les prochaines années. »
CKK