Crise RDC-Rwanda : Gnassingbé, un médiateur contesté par la société civile togolaise

La désignation de Faure Gnassingbé comme médiateur de l’Union africaine dans le conflit entre la RDC et le Rwanda ne passe pas inaperçue… surtout à Lomé. Là-bas, plusieurs organisations de la société civile ont exprimé mardi 12 avril, leur farouche opposition à cette nomination qu’elles jugent aussi incompréhensible qu’inacceptable.

Désigné par l’UA à travers une procédure de silence, le président togolais succède ainsi à João Lourenço, chef de l’État angolais et président en exercice de l’organisation panafricaine. Mais loin de susciter l’espoir, ce choix provoque indignation et rejet au Togo, où l’on dénonce le profil du médiateur.

-Médiateur qui divise plutôt qu’il ne rassemble-

Dans une déclaration conjointe, 14 structures de la société civile togolaise condamnent vivement cette désignation. « Faure Gnassingbé est un président dont la gouvernance piétine les principes démocratiques et les libertés fondamentales. Le présenter comme artisan de paix est une insulte à nos luttes pour la démocratie », fustigent-elles.

Les griefs contre le président togolais sont nombreux : révisions constitutionnelles controversées, répression des opposants, restriction des libertés, fraude électorale et gouvernance autoritaire. En mars dernier, Faure Gnassingbé a une fois de plus fait modifier la Constitution – sans consultation populaire – pour renforcer son maintien au pouvoir après deux décennies d’un règne qualifié de “dynastique”.

-Un symbole de crise, pas de paix-

Pour les signataires, cette nomination est un non-sens : « Comment un président accusé de dérives autoritaires peut-il prétendre arbitrer un conflit aussi complexe que celui de l’est de la RDC ? », interrogent-ils.

D’autant que cette désignation intervient au moment où les tensions se ravivent dans les provinces du Nord et du Sud-Kivu. Dimanche matin encore, des affrontements meurtriers ont opposé les FARDC, appuyées par les Wazalendo, aux rebelles du M23 soutenus par le Rwanda, selon des rapports onusiens. Alors que la région a besoin d’un médiateur crédible et neutre, la désignation de Faure Gnassingbé semble jeter le doute sur la sincérité du processus.

PM

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