Crise en RDC: des chefs militaires rwandais châtiés par sanctions européennes

L’Union européenne a frappé fort ce lundi en imposant des sanctions contre plusieurs hauts responsables militaires rwandais et un dirigeant du secteur minier, en raison du soutien de Kigali au groupe armé M23, actif dans l’est de la RDC. En réponse, le Rwanda a immédiatement annoncé la rupture de ses relations diplomatiques avec la Belgique, qu’il accuse d’avoir « pris parti » pour Kinshasa dans le conflit en cours.

Sous la pression de Bruxelles, l’UE a décidé de sanctionner neuf personnalités, parmi lesquelles trois hauts gradés de l’armée rwandaise : Ruki Karusisi, Eugène Nkubito et Pascal Muhizi, ainsi que le directeur général de l’Office rwandais des mines, du pétrole et du gaz (RMB), Francis Kamanzi. Ces sanctions incluent une interdiction de séjour dans l’UE et un gel des avoirs sur le territoire européen.

Par ailleurs, quatre cadres du M23, dont son chef Bertrand Bisimwa, sont également visés. L’objectif affiché est de couper les soutiens financiers et logistiques au mouvement rebelle, qui a conquis ces derniers mois plusieurs zones stratégiques de l’est congolais.

Rupture diplomatique entre Kigali et Bruxelles

En réaction, Kigali a annoncé une décision radicale : la rupture immédiate de ses relations diplomatiques avec la Belgique. Selon un communiqué du ministère rwandais des Affaires étrangères, Kigali dénonce les « tentatives pitoyables » de Bruxelles de « maintenir ses illusions néocoloniales » et ordonne l’expulsion sous 48 heures de tous les diplomates belges présents sur son territoire.

Le ministre belge des Affaires étrangères, Maxime Prévot, a qualifié cette décision de « disproportionnée » et a annoncé en retour l’expulsion des diplomates rwandais en poste à Bruxelles. « Cette rupture illustre que lorsque nous sommes en désaccord avec le Rwanda, il préfère ne pas dialoguer », a-t-il réagi sur X.

Tension historique ravivée

Cette escalade diplomatique s’inscrit dans un contexte tendu entre les deux pays. Déjà en février, Kigali avait suspendu les programmes d’aide au développement belges sur son sol. La Belgique, ancienne puissance coloniale de la RDC et du Rwanda, a été l’un des premiers pays européens à dénoncer ouvertement l’implication de Kigali dans le conflit congolais et à appeler l’UE à agir.

Dimanche encore, le président rwandais Paul Kagame s’en est violemment pris à Bruxelles lors d’un discours public : « La Belgique nous a tués tout au long de l’histoire et revient sans cesse nous tuer davantage ». Il accuse également le pays d’avoir favorisé les divisions ethniques ayant conduit au génocide de 1994 et d’avoir contribué au « découpage » du Rwanda.

Le M23 et l’implication rwandaise dans l’est congolais

Le M23, soutenu par environ 4 000 soldats rwandais selon des experts de l’ONU, contrôle désormais de vastes pans de l’est de la RDC, une région riche en ressources minières. Officiellement, le groupe rebelle affirme défendre les intérêts des populations tutsi du Kivu, mais ses attaques et son emprise territoriale inquiètent la communauté internationale.

Médiateur dans le conflit, l’Angola a annoncé la tenue de pourparlers de paix entre Kinshasa et le M23 ce mardi à Luanda. Reste à savoir si ces discussions pourront aboutir à une solution durable dans un contexte où les tensions diplomatiques et les rivalités régionales ne cessent de s’intensifier.

PM

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