La capitale congolaise se réveille encore sous le choc, après le coup d’État manqué d’hier dimanche 19 mai. Les débats sont omniprésents, dans les bus, les marchés et sur les réseaux sociaux, où les Kinois partagent leurs analyses et leurs spéculations sur cet événement sombre.
Les avis divergent largement, mais une majorité s’accorde sur l’inutilité de cette tentative pour le progrès du pays. Tandis que les autorités tentent de démêler les fils de cette attaque, la population se perd en conjectures, alimentées par les images des assaillants diffusées en direct sur les réseaux sociaux.
La première théorie fait état d’une opération visant directement Vital Kamerhe, ancien Vice-premier ministre et actuellement candidat à la présidence de la Chambre basse du Parlement. Selon certaines voix, cette attaque aurait été orchestrée par le pouvoir en place, dérangé par l’influence de Kamerhe. Après l’échec de cet objectif initial, les assaillants auraient changé de cible, se dirigeant vers le Palais de la Nation, lieu symbolique mais peu stratégique. Cette version trouve un écho particulier chez ceux qui voient la main du gouvernement derrière ce coup pour se débarrasser d’un candidat potentiel aux élections de 2028.
Une autre hypothèse, plus cynique, suggère que le pouvoir aurait simulé cette tentative de coup d’État pour renforcer son contrôle sur la scène politique. Selon cette théorie, une telle crise fournirait un prétexte idéal pour augmenter la surveillance et réprimer l’opposition. La diffusion en direct des attaques soulève des questions sur la sincérité de cette tentative : comment un coup d’État sérieux pourrait-il inclure des lives sur les réseaux sociaux ? Pour Christian Malanga, leader des assaillants, ces vidéos étaient une déclaration de victoire de son mouvement « New Zaïre » contre le régime en place.
Une troisième spéculation pointe vers une implication des États-Unis, citant la présence de plusieurs membres du commando résidant en Amérique et des passeports américains trouvés sur les assaillants. Cette théorie rappelle des épisodes historiques tels que la Baie des Cochons, où les États-Unis avaient soutenu des exilés cubains pour tenter de renverser Fidel Castro.
Nombre se demandent comment les assaillants ont pu pénétrer sur le territoire congolais. La possibilité d’une entrée clandestine par pirogue depuis Brazzaville est évoquée, rappelant un précédent où Gabriel Shabani avait échappé à une tentative d’assassinat orchestrée par des expatriés. Cette interrogation met en lumière les failles de la surveillance fluviale et suscite des critiques envers les autorités congolaises pour leur négligence.
Face à ces multiples théories, l’urgence est de mener des enquêtes rigoureuses pour établir la vérité. “Les responsabilités doivent être éclaircies, de la Direction générale de migration (DGM) à l’Agence nationale de renseignement (ANR), en passant par la Démiap. Une transparence totale est nécessaire pour apaiser les esprits et renforcer la confiance dans les institutions”, commente un enseignant d’universités qui a requis l’anonymat.
Le coup d’État manqué de ce dimanche reste un mystère non résolu, mais une chose est certaine : il a ouvert la porte à une multitude de spéculations qui ne feront qu’augmenter la méfiance et les tensions politiques déjà palpables à Kinshasa.
Clément Mualaba