Carnage de Makala, voici les révélations accablantes du directeur de la prison depuis Paris où il se trouve

Joseph Yusufu Maliki, directeur du Centre Pénitentiaire et de Rééducation de Kinshasa (CPRK), l’ex-prison de Makala, a été sanctionné et recherché par les autorités dès le lendemain des événements tragiques qui se sont produits aux petites heures du 2 septembre dernier dans cette maison carcérale, événements que les autorités qualifient de tentative d’évasion, ayant causé 131 morts.

Selon une mise au point faite par une source proche de la famille du désormais ‘’ancien responsablé’’ de la prison de Makala, ce fonctionnaire de la justice a quitté la capitale deux semaines avant les évènements tragiques de Makala pour se rendre à Paris, en France, pour des soins médicaux. Son billet d’avion prévoit un retour à Kinshasa le 15 septembre courant.

Ses proches estiment que la procédure de sa suspension en cours, est irrégulière car la tragédie de Makala aurait pu être évitée. A en croire la même source, le directeur de la prison avait désespérément depuis plus d’une année, alerté les autorités à plusieurs reprises sur le risque de l’implosion à la prison suite non seulement, au surpeuplement de celle-ci causant des maladies contagieuses avec des cas de décès, mais aussi suite à un dispositif sécuritaire défaillant.

« Pour des raisons purement sécuritaires, je tiens à vous signaler que la Prison Centrale de Makala compte à ce jour 11 000 pensionnaires en son sein alors que sa capacité d’accueil est de 1 500. Donc, elle doit être mieux sécurisée dans tous les aspects pour éviter toute surprise désagréable (évasion, intrusion, conspiration). Face à cette situation, il n’y a plus d’espace, les détenus sont vraiment entassés. Cela entraîne la contamination de certaines maladies sans oublier l’étouffement, menant ainsi à des décès à répétition. Je profite de l’occasion pour signaler que les unités engagées pour la sécurité périphérique de la prison n’arrivent qu’avec de petits effectifs. Devant un incident, cela pourrait poser problème pour bien le contenir », prévenait le directeur de la prison en mars 2023 dans une correspondance adressée à Rose Mutombo Kiese, l’ex-ministre de la justice.  Et de renchérir : « De ce qui précède, nous sollicitons un renfort des personnels de sécurité et aussi le transfèrement urgent d’un bon nombre de détenus (condamnés) vers d’autres prisons du pays (ANGENGA, OSIO, LUZUMU, BULUWO) afin que la prison soit tant soit peu désengorgée et qu’il y ait de l’espace pour ceux qui resteront ».

La Radio France Internationale (RFI) a dans le même sens, indiqué qu’un mois après cette correspondance du directeur de la prison, « c’est le médecin de la prison qui a alerté sur la promiscuité accrue. Dans un courrier, il y décrit des prisonniers entassés, dormant sur le sol ou dans les sanitaires. Des détenus devaient même parfois se relayer pour dormir, sans pouvoir bouger », soutient ce média français qui précise tout de même qu’« en janvier 2024, alors que les effectifs passent à 14 000 prisonniers, le directeur lance un SOS et rappelle la ministre sur l’urgence de désengorger Makala par des libérations conditionnelles pour éviter « le pire ». Mais cela ne semble pas avoir été fait car en juillet dernier, 1 000 prisonniers se sont ajoutés à Makala ».

Christian-Moses Masunga 

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