Bukavu : l’archevêque Maroy exhorte les autorités à protéger la ville du chaos

Alors que l’est de la RDC sombre dans une crise sécuritaire sans précédent, l’archevêque de Bukavu, Monseigneur François-Xavier Maroy, tire la sonnette d’alarme. Dans un message adressé aux autorités locales, civiles et militaires, il appelle à éviter toute confrontation armée dans la ville de Bukavu et ses environs. Il s’agit d’un avertissement solennel pour prévenir un bain de sang et ne pas répéter les erreurs tragiques de Goma.

En janvier dernier, le prélat catholique s’était déjà adressé au peuple de Dieu de l’archidiocèse de Bukavu et de la province ecclésiastique. Intitulé « Que devons-nous faire ? » (Lc 3,14), ce message visait à sensibiliser sur les dangers d’une escalade militaire et à rappeler les leçons douloureuses du passé. « Depuis le Nord-Kivu jusqu’ici, notre peuple subit une guerre aux conséquences multiples dont le motif lui reste inconnu. Dans tous les rangs, civils et militaires, les pertes en vies humaines, en biens matériels et en temps sont incalculables », déplore-t-il.

Face à cette situation, le pasteur exhorte les dirigeants congolais et les instances internationales à prendre des mesures concrètes pour stopper cette guerre qui ravage l’Est du pays.

-Éviter une nouvelle tragédie à Bukavu-

L’archevêque met en garde contre les velléités de certains militaires qui, selon lui, envisagent d’installer des armes et des positions stratégiques au sein même des quartiers habités. « On entend dire que certains commencent à vouloir installer leurs armes dans les parcelles des paisibles citoyens, comme pour transformer Bukavu, cette ville martyre de plus de trois décennies, en un champ de bataille », alerte-t-il.

Un scénario qui rappelle tristement le carnage récent de Goma, où des combats ont causé d’importantes pertes humaines et des destructions massives.

-Appel aux militaires et aux dirigeants africains-

Tout en exprimant son soutien aux forces armées congolaises, Monseigneur Maroy exhorte les militaires à ne pas faire des civils des cibles collatérales. « Nous déplorons que certains de nos frères qui reviennent du front nous assimilent à leurs ennemis, en nous pillant et en nous tuant pour rien », regrette-t-il.

Il appelle également les chefs d’État africains réunis en Tanzanie à privilégier des solutions immédiates et concrètes pour mettre fin aux hostilités. « Que nos dirigeants, qui sont nos frères africains, prennent des décisions utiles pour arrêter la guerre, au lieu de prolonger les discussions qui laissent le peuple meurtri dans l’agonie », implore-t-il. Alors que Bukavu se retrouve une fois de plus à la croisée des chemins, la voix de l’Église s’élève comme un ultime rempart contre une catastrophe annoncée.

PM

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