Le procès sur le détournement présumé de 205 millions USD dans le projet agro-industriel de Bukanga-Lonzo semble s’enliser. Prévue ce lundi 3 mars 2025, l’audience devant la Cour constitutionnelle a une nouvelle fois été reportée au 14 avril, en raison de l’absence des principaux accusés. Cette énième interruption alimente les doutes sur la volonté réelle de la justice à faire aboutir cette affaire emblématique de la lutte contre la corruption en RDC.

Matata Ponyo, ancien Premier ministre sous Joseph Kabila (2012-2016), Deogratias Mutombo, ex-gouverneur de la Banque centrale, et Kristo Grobler, homme d’affaires sud-africain, n’étaient pas présents à l’audience. Leurs avocats évoquent des motifs divers : absence de notification officielle, repos médical prolongé ou encore voyage à l’étranger. Des justifications qui, bien que légalement recevables, renforcent le sentiment d’un blocage organisé.
Depuis l’ouverture du procès en 2021, les reports successifs ont marqué le dossier, entre querelles de compétence judiciaire et raisons médicales ou administratives. Après avoir d’abord estimé ne pas pouvoir juger un ancien Premier ministre, la Cour constitutionnelle a changé d’avis en 2023, mais sans parvenir à faire avancer les débats. Cette lenteur judiciaire renforce l’exaspération de l’opinion publique, qui y voit une manœuvre pour enterrer l’affaire.
Face à ces blocages répétés, le président de la Cour, Dieudonné Kamuleta, a averti que ce report serait le dernier. Le procureur général, quant à lui, met en garde contre un possible contrôle du calendrier judiciaire par les prévenus eux-mêmes. Mais ces annonces suffiront-elles à garantir la tenue effective du procès en avril ? Rien n’est moins sûr.
Alors que la lutte contre l’impunité est devenue un enjeu politique majeur en RDC, l’affaire Bukanga-Lonzo apparaît comme un test pour la crédibilité de la justice congolaise. Un nouveau report pourrait être interprété comme un aveu d’impuissance et renforcer le sentiment d’impunité qui entoure les grands dossiers financiers du pays.
Cedrick Katay Kalombo