Le ministère public a requis, ce mercredi, une peine de 20 ans de travaux forcés contre l’opposant Augustin Matata Ponyo et l’ancien gouverneur de la Banque centrale, Déogratias Mutombo, dans le cadre du détournement présumé de 80 millions de dollars liés au projet agro-industriel de Bukanga Lonzo. Il a également demandé leur arrestation immédiate, ainsi qu’une interdiction des droits civiques et d’éligibilité : 10 ans pour Matata, 5 ans pour Mutombo, à l’issue de leur peine.
Quant à l’homme d’affaires sud-africain Christophe Grobler, accusé d’un détournement de 15 millions de dollars, le parquet a requis 20 ans de travaux forcés, son arrestation immédiate et son expulsion définitive du territoire congolais après l’exécution de la peine.
Absents à l’audience, les trois justiciables ont été jugés par défaut. Le président de la Cour, Dieudonné Kamuleta, a rejeté les arguments avancés par leurs avocats, notamment les tentatives d’invoquer des immunités parlementaires ou des justifications médicales jugées non conformes à la loi. Le certificat de Grobler, par exemple, n’était pas signé par trois médecins comme l’exige la procédure.
Quant à l’élu de Kindu, le juge président a estimé que l’Assemblée nationale n’avait émis aucun acte officiel levant ses immunités, précisant que « la justice reste indépendante du pouvoir législatif ».
–Rappel des faits-
Initié pour révolutionner le secteur agricole en RDC, le projet agro-industriel de Bukanga Lonzo a englouti des dizaines de millions de dollars sans qu’aucun impact tangible ne soit constaté. Des enquêtes ont mis en lumière des irrégularités majeures : surfacturations, montages financiers douteux et opacité dans la gestion des fonds publics.
Après plusieurs années d’enlisement judiciaire, l’affaire a été relancée et s’impose aujourd’hui comme un symbole de la lutte contre les infractions économiques et l’impunité des élites. En 2021, la Cour de cassation s’était déclarée incompétente pour juger un ancien chef du gouvernement, renvoyant le dossier à la Cour constitutionnelle, seule habilitée à connaître des infractions commises par les hauts responsables de l’État.
PM