Assemblée nationale : Le député Eric Tshikuma dépose une proposition de Loi portant modification du Code du Travail en vigueur

«Nous venons de déposer au bureau de notre chambre une proposition de Loi portant modification du Code du Travail n° 015-2002, tel que modifié par la Loi n° 16/010 du 15 juillet 2016», a annoncé le député national Éric Tshikuma ce mercredi 28 mai après avoir rempli l’une de ses missions primordiales.

D’après l’élu de la FUNA, cette initiative législative se positionne comme une réponse aux défis juridiques, sociaux et économiques actuels en République Démocratique du Congo.

Adoptée il y a près de huit ans, la Loi actuelle a révélé des faiblesses, notamment en raison de son incompatibilité avec des normes juridiques supérieures et avec des principes constitutionnels essentiels. Certaines dispositions entravent l’application efficace des droits des travailleurs et créent des incohérences internes.

A titre illustratif, le Code du travail actuel, dans la plus part d’articles faisant appelle à des mesures d’application, demande au Président de la République d’intervenir par Décret. Or, le Décret est de la compétence du Premier Ministre en vertu de l’article 92 de la Constitution et le Président de la République, lui, n’intervient que par Ordonnance en vertu de l’article 79.

Ensuite, par rapport à l’exécution des Lois, c’est au Premier Ministre, conformément à l’article 92 alinéa 1 de la Constitution, que revient la charge d’exécuter les Lois. Ce n’est pas une prérogative du Président de la République alors que le Code du travail réduit l’Institution Président de la République en une simple Institution d’exécution des Lois en violation des articles 79 alinéa 2 qui lui donne le pouvoir de promulguer les Lois par voie d’Ordonnance.

Pour Eric Tshikuma, le Code de travail en vigueur viole les articles 79 et 92 de la Constitution et le principe constitutionnel du bicephalisme de l’exécutif consacré par la Constitution de 2006 en vigueur. «En réalité, sur ce point, ce Code est anachronique et s’alimente encore aux mamelles de sa mère nourricière la Constitution de transition avant même le 1+4 », a-t-il fustigé.

Selon lui, dans le champs d’application dudit Code, il y a lieu de comprendre qu’il est rendu comme si les entreprises du portefeuille de l’Etat ont un employeur. «Or, ce sont des personnes morales à part entière et ce sont elles qui sont employeurs de leur travailleurs», a-t-il renchéri.

Eric Tshikuma a souligné que la Loi sur la protection de l’enfant dit clairement en son article 99 : le Tribunal pour enfant est compétent pour tout problème, entre autres, de capacité de l’enfant. « Mais ce Code du travail renvoie cette matière au Tribunal de paix. C’est une incompatibilité que nous avons voulu corriger», a-t-il relevé.

En ce qui concerne les droits de la femme, Eric Tshikuma indique avoir trouvé injuste que la femme employée se voit amputée d’une partie de son revenu mensuel seulement parce qu’elle est en congé pour raison de maternité. «Pour corriger cela, cette proposition suggère qu’elle ait droit à l’entièreté de sa rémunération pour nous conformer à nos propres valeurs ancestraux», a-t-il rassuré.

Face à cet état de choses, Eric Tshikuma a constaté une contradiction inédite.

«Enfin, nous nous sommes demandé comment peut-on affirmer une chose et son contraire s’agissant de la désignation dans l’administration des syndicats, pour certains faits une simple condamnation et pour d’autre une condamnation définitive comme si cette disposition était taillée sur mesure pour sauver quelqu’un et empêcher l’autre. Nous avons considéré les principes constitutionnels de présomption d’innocence, de l’égalité des Congolais devant la Loi et de l’égal traitement ainsi que du droit au double degré de juridiction pour uniformiser cette écriture», a-t-il démontré.

Le député Eric Tshikuma a résumé la pertinence de cette proposition en 3 raisons :

  1. D’actualiser le Code du Travail en l’alignant sur la Constitution de 2006 et les exigences en matière de droits du travail.
  2. D’assurer la cohérence interne des dispositions dudit Code afin de garantir leur applicabilité et leur conformité avec d’autres Lois en vigueur dans l’ordre juridique Congolais.
  3. De promouvoir l’égalité devant la Loi et la protection des droits des travailleurs, tout en supprimant les discriminations basées sur le sexe, l’âge, et d’autres critères non pertinents.

A en croire Eric Tshikuma, il est crucial d’assurer la mise en cohérence de ce texte avec d’autres lois, de renforcer les droits des travailleurs, d’assurer une meilleure protection juridique et d’encourager un climat de travail équitable et serein.

Il sied de reconnaître que cette initiative législative reflète engagement pour des conditions de travail dignes et justes pour tous les Congolais. Son examen et sa mise en place doivent être une urgence notamment par rapport aux autorités dont les actes sont concernés.

Rédaction

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