Le ministre de la Communication et Médias, Patrick Muyaya, a animé une conférence exceptionnelle à l’Université de Kinshasa (UNIKIN), placée sous le thème : « Au cœur du processus de pacification de la RDC : comprendre pour agir – l’appropriation du narratif congolais par la jeunesse pour la construction d’une paix durable ».

Face à un amphithéâtre rempli de professeurs, membres du corps académique et d’étudiants, le ministre a livré un message fort sur le rôle central que doit jouer la jeunesse dans la pacification du pays. « Il ne peut y avoir de paix durable si la jeunesse ne s’approprie pas l’histoire et ne participe pas à l’écriture du présent », a-t-il martelé.
Patrick Muyaya est revenu sur les racines du conflit en République Démocratique du Congo, rappelant que cela fait plus de 30 ans que le pays vit dans une instabilité quasi permanente. Il a évoqué notamment l’arrivée des réfugiés rwandais en 1994, suite au génocide, comme l’un des points de départ des crises sécuritaires persistantes dans la région.
« Il y a parmi vous des jeunes qui, depuis leur naissance, n’ont connu qu’un pays en guerre », a-t-il souligné, appelant à la conscientisation de cette génération souvent désorientée par des récits contradictoires.
Pour mieux comprendre le processus actuel de pacification, le ministre a partagé cinq jalons importants ayant marqué ces derniers mois :
- 18 mars 2025 : Rencontre tripartite à Doha (Qatar – RDC – Rwanda)
- 23 avril 2025 : Déclaration conjointe RDC – AFC/M23
- 25 avril 2025 : Déclaration de principes RDC – Rwanda à Washington
- 27 juin 2025 : Signature de l’Accord de paix RDC – Rwanda
- 19 juillet 2025 : Déclaration de principes RDC – AFC/M23
Il a insisté sur l’importance de ces accords dans la dynamique de stabilisation de l’Est du pays, tout en soulignant que les traités seuls ne suffisent pas sans un engagement profond de la jeunesse.
L’un des axes majeurs développés durant la conférence est la nécessité pour les jeunes Congolais de s’approprier leur narratif. Pour Patrick Muyaya, il s’agit d’un « acte de souveraineté » dans un contexte où les récits importés présentent souvent le Congo sous l’angle de la guerre, du chaos ou de la dépendance.
Le ministre a plaidé pour une revalorisation des réussites locales, de la résilience congolaise et des aspirations citoyennes, en appelant à la création de plateformes de communication portées par les jeunes eux-mêmes, en collaboration avec les médias et les institutions publiques.
Les étudiants de l’UNIKIN n’ont pas manqué d’exprimer leur frustration face à la marginalisation de leurs voix dans les médias traditionnels et les processus décisionnels. En réponse, le ministre a proposé de renforcer les espaces de dialogue au sein même de l’université, notamment via la radio Alma Mater, émettant depuis la colline inspirée.
Le recteur de l’université a salué cette démarche gouvernementale, tout en soulignant la pertinence de l’intervention : « Quel meilleur lieu qu’une université, où bat le cœur de la pensée nationale ? Et quel meilleur interlocuteur que le “cardiologue de l’information” pour nous éclairer sur les vérités souvent déformées ? »
En clôture, Patrick Muyaya a exhorté les jeunes à devenir des « ambassadeurs de paix » dans leurs milieux de vie, appelant à une implication active dans la diplomatie populaire, la lutte contre les fausses informations et la promotion du vivre-ensemble.
« La paix ne viendra pas d’ailleurs. Elle viendra de nous, avec vous », a-t-il conclu, suscitant de vifs applaudissements dans la salle.
Cette conférence marque une étape importante dans la volonté du gouvernement de placer la jeunesse au cœur de la reconstruction nationale. Une jeunesse consciente, informée et fière de son identité, voilà l’un des piliers sur lesquels devra se bâtir la paix durable tant attendue en République Démocratique du Congo.
Gracieux B. MC