La République démocratique du Congo vient de franchir un pas stratégique dans la lutte contre le financement du terrorisme et la prolifération des armes de destruction massive. Ce jeudi à Kinshasa, les autorités ont officiellement installé et rendu opérationnel le Comité National de Mise en œuvre des Sanctions Financières Ciblées (CONASAFIC).
Créé par décret n°24/25 du 21 mars 2024, ce comité incarne désormais la réponse nationale aux exigences internationales en matière de sanctions financières ciblées, imposées notamment par le Conseil de sécurité des Nations unies à travers les résolutions 1267, 1373 et 1718.

Le comité sera piloté par le ministre des Finances Doudou Fwamba, qui en assure la présidence. À ses côtés, Adler Kisula, secrétaire exécutif de la CENAREF (Cellule Nationale des Renseignements Financiers), assumera les fonctions de secrétaire permanent du CONASAFIC. Ensemble, ils auront la lourde mission de coordonner l’action de l’État dans un domaine hautement sensible.
Le CONASAFIC se positionne comme le bras armé de l’État congolais contre les menaces financières transnationales. Ses principales missions sont claires :
• Identifier et superviser les mécanismes de gel des avoirs de personnes et entités suspectes,
• Diffuser les listes de sanctions mises à jour à l’échelle internationale,
• Assurer la liaison entre les acteurs nationaux et internationaux,
• Et surtout, veiller à l’application stricte, continue et efficace de ces mesures sur le territoire national.
Cette approche intersectorielle implique un réseau dense mobilisant les banques, les forces de sécurité, les magistrats, les régulateurs et les partenaires internationaux.
–Des défis techniques et humains à relever-
Malgré cette avancée, le CONASAFIC n’échappe pas aux réalités du terrain. Parmi les défis identifiés :
- L’appropriation inégale du régime de sanctions par certaines administrations,
- Le manque de sensibilisation des institutions financières à leurs obligations de vigilance,
- La difficulté d’identification rapide des individus ou entités visés,
- Et le besoin criant de formations, d’outils de veille et d’évaluation pour garantir l’efficacité du dispositif.
–Vers une sortie de la liste grise du GAFI-
L’installation du CONASAFIC représente aussi un signal fort envoyé à la communauté internationale, notamment au Groupe d’Action Financière (GAFI). La RDC, actuellement inscrite sur la « liste grise » des juridictions sous surveillance renforcée, espère que cette nouvelle structure renforcera son dossier en vue d’un retrait progressif de cette liste. C’est tout un plan d’action structuré que le pays met en œuvre pour corriger les failles systémiques relevées dans sa gouvernance financière.
La réussite du CONASAFIC dépendra largement de la synergie entre les institutions et de la volonté politique d’imposer des normes strictes à tous les niveaux. L’opérationnalisation de ce comité ne marque pas la fin du chemin, mais bien le début d’un long processus de consolidation d’une architecture de sécurité financière nationale, à la hauteur des défis contemporains.
PM