L’ancien ambassadeur du Rwanda en France, Jean-Marie Vianney a fait des déclarations explosives sur l’implication du régime de Paul Kagame dans les atrocités commises en République démocratique du Congo (RDC). Lors d’une récente intervention médiatique, il a dénoncé les crimes de l’armée rwandaise et a appelé à la reconnaissance de ces actes par les autorités de son pays.
Un ex-ambassadeur qui accuse le régime de Kigali
Jean-Marie Vianney, qui a longtemps représenté le Rwanda sur la scène diplomatique, a pris ses distances avec le pouvoir en place. Dans ses propos, il rejette la thèse d’un simple conflit régional et met en cause la responsabilité directe de l’armée rwandaise dans les massacres perpétrés en RDC depuis 1996.
« Le Congo n’a jamais attaqué le Rwanda. Par contre, notre armée a détruit des millions de Congolais par des assassinats directs ou indirects. »
Selon lui, ces exactions, qui ont touché des populations civiles, relèvent de crimes de guerre et de crimes contre l’humanité. Il n’hésite pas à parler de génocide, en reprenant les termes des conventions internationales sur la protection des populations civiles en temps de guerre.
Le rapport Mapping : un document accablant toujours ignoré
L’ex-diplomate s’est également insurgé contre l’inaction de la communauté internationale face aux crimes documentés dans le rapport Mapping des Nations unies. Publié en 2010, ce rapport détaille les massacres et violations des droits humains commis entre 1993 et 2003 en RDC, impliquant notamment l’armée rwandaise et ses alliés.
« Il ne faut pas que la communauté internationale enterre le rapport Mapping. Il contient des preuves irréfutables des atrocités commises en RDC. »
L’ancien diplomate rwandais accuse les puissances occidentales, en particulier les États-Unis et la France, d’avoir protégé le régime de Kigali en empêchant toute enquête approfondie sur les crimes du Front Patriotique Rwandais (FPR), le parti au pouvoir depuis 1994.
Appel à la reconnaissance et à la justice
Pour Jean-Marie Vianney, la seule voie vers une réconciliation durable entre la RDC et le Rwanda passe par la reconnaissance des crimes commis par l’armée rwandaise et la présentation d’excuses officielles.
« Le gouvernement rwandais doit avoir le courage de reconnaître son rôle dans la guerre au Congo et demander pardon au peuple congolais. »
Ces déclarations rejoignent les appels répétés du Dr Denis Mukwege, prix Nobel de la paix, qui réclame la mise en place d’un tribunal international pour juger les responsables des massacres en RDC.
Alors que les tensions entre Kinshasa et Kigali restent vives, ces révélations ravivent le débat sur les responsabilités du régime de Paul Kagame dans les violences qui ensanglantent l’Est congolais depuis près de trois décennies. Reste à savoir si la communauté internationale choisira enfin d’agir pour faire éclater la vérité.
Cedrick Katay