La RDC fait-elle face à une nouvelle menace de l’armée ougandaise signalée à Mahagi ?

L’armée ougandaise (UPDF) a pénétré sur le sol congolais dans la matinée de ce samedi 1ᵉʳ mars 2025. Des images largement partagées sur les réseaux sociaux montrent les forces ougandaises entrant en Ituri, dans le territoire de Mahagi, à la frontière, sans rencontrer la moindre résistance. Sur ces mêmes images, on peut voir ces troupes étrangères franchir la barrière avec un imposant arsenal militaire. L’absence des services de sécurité congolais à la frontière laisse entrevoir un certain abandon, comme l’illustrent ces vidéos.

Jusqu’à présent, ni l’administration militaire provinciale ni Kinshasa n’ont réagi officiellement pour clarifier cette situation. De nombreuses interrogations surgissent quant à la nature de cette incursion des forces ougandaises en territoire congolais.

S’agit-il d’une nouvelle occupation, à l’instar de celle du Rwanda au Nord-Kivu et au Sud-Kivu ? Ou bien s’agit-il d’un nouveau contingent ougandais venant renforcer les éléments déjà engagés dans la mutualisation des forces avec les FARDC dans le cadre de l’opération militaire Suja, visant à traquer les rebelles ougandais des ADF ?

Certaines opinions évoquent plutôt une nouvelle menace pour la RDC, en lien avec les déclarations récentes du général Muhoozi Kainerugaba, fils du président ougandais Yoweri Museveni et chef d’état-major de l’armée ougandaise.

Le 23 février dernier, ce dernier avait utilisé son compte X (anciennement Twitter) pour annoncer l’intention de son armée, l’UPDF, d’investir Mahagi, un territoire de la province de l’Ituri frontalier avec l’Ouganda.

D’après ses propos, la prise de Mahagi dépendrait de l’évolution de la situation sécuritaire dans cette partie de l’Ituri, dans le nord-est de la RDC.

« Si les massacres de notre peuple ne cessent pas immédiatement, nous voulons avoir la preuve que les meurtriers de notre peuple ont été punis. Sinon, nous nous emparerons bientôt de la ville de Mahagi. »

Face à cette menace explicite, une question se pose : pourquoi Kinshasa semble-t-elle ignorer ces nouvelles menaces contre son territoire, alors que le dernier rapport des experts de l’ONU pointait déjà du doigt l’Ouganda comme un acteur régional impliqué dans l’agression contre la RDC ? Jusqu’à présent, aucune réaction officielle n’a été apportée par les autorités congolaises.

Depuis deux ans, chaque rapport des experts des Nations unies met en évidence, preuves à l’appui, l’implication croissante du Rwanda dans le soutien à la rébellion du M23, qui sévit actuellement dans les provinces du Nord-Kivu et du Sud-Kivu.

En août 2024, le groupe d’experts de l’ONU a révélé comment des officiels ougandais ont permis aux troupes du M23 et à l’armée rwandaise de transiter librement par l’Ouganda. Mais il ne s’agit pas seulement de simples transits : certains responsables du mouvement armé se sont également rendus en Ouganda.

Selon ce rapport, Sultani Makenga, chef militaire du M23, a été signalé à plusieurs reprises en 2024 à Entebbe et Kampala. Corneille Nangaa, chef de la branche politique du M23/AFC, a même résidé un temps dans la capitale ougandaise, où il a tenu des réunions avec des représentants de plusieurs groupes armés congolais.

La situation actuelle à Mahagi soulève donc de nombreuses inquiétudes. La RDC est-elle face à une nouvelle agression militaire déguisée ou s’agit-il d’une simple opération conjointe mal coordonnée ? Kinshasa ne pourra rester silencieuse bien longtemps face aux interrogations de son peuple.

Christian-Moses Masunga

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