En ce jour de commémoration du massacre de Katogota, un sombre chapitre de l’histoire congolaise refait surface. Il y a 24 ans, dans le territoire d’Uvira au Sud-Kivu, des actes indicibles furent perpétrés par des éléments de l’ANC, la branche armée du RCD soutenue par le Rwanda.
Ce mardi 14 mai 2024, les familles des victimes et la communauté de Katogota ont commémoré ce sombre anniversaire des massacres avec la même douleur qu’il y a 24 ans. La cérémonie commémorative de ces massacres de Katogota a été précédée par une procession à la rivière Ruzizi où plusieurs corps avaient été jetés.
Les mots du Dr Denis Mukwege, infatigable défenseur des droits de l’homme interpellent : “Nos pensées vont aux communautés affectées et aux familles des centaines de victimes, qui ne peuvent parachever leur travail de deuil en l’absence de la vérité, de la justice et de réparations”.
Cependant, la douleur persiste et les survivants continuent de vivre dans la peur. Leurs bourreaux, loin d’être traduits en justice, semblent jouir de l’impunité. Certains d’entre eux occupent même des fonctions à responsabilités au sein des institutions. C’est une blessure béante dans le tissu social congolais, une cicatrice qui refuse de se refermer.
Face à cette réalité insoutenable, le prix Nobel de la paix 2018 lance un appel pressant aux autorités congolaises et à la communauté internationale : “il est temps d’agir. Il est temps de déployer une réelle volonté politique pour adopter et mettre en œuvre une stratégie nationale holistique de justice transitionnelle afin de briser le cycle de la violence et de l’impunité, pour prévenir la répétition des atrocités de masse, pour guérir une société meurtrie, et pour avancer sur le chemin de la paix durable par la justice en RDC et dans la région des Grands Lacs”.
Selon le rapport Mapping des Nations unies, le 14 mai 2000, des éléments de l’ANC (la branche armée du groupe rebelle Rassemblement Congolais pour la Démocratie) ont tué plusieurs dizaines de civils dans le village de Katogota dans le territoire d’Uvira.
Les militaires sont arrivés à Katogota en camion et ont commencé à tuer les villageois, maison par maison. Certains ont été tués par balle et d’autres sont morts brûlés vifs lorsque les militaires ont incendié leurs maisons. Le nombre total de victimes est difficile à estimer, car les militaires ont interdit l’accès au village pendant plusieurs jours au cours desquels ils ont brûlé et jeté de nombreux corps dans la rivière Ruzizi. Le massacre a été commis suite à la mort d’un commandant de l’ANC dans une embuscade attribuée aux éléments du CNDD-FDD.
PM